Malgré le fait que tout ce qui se rapproche du deuil
périnatal reste encore tabou, que la société ne sait pas encore trop comment
s’y prendre, il est un fait, les choses changent tout de même en France, depuis
quelques années.
Beaucoup d’associations et de
parents militent dans ce sens. Obtenir une reconnaissance est primordiale pour
avancer dans le pénible processus du deuil. Négliger cette reconnaissance rend le deuil plus pénible encore pour les parents. Incompris, ils peuvent avoir un
sentiment de rejet face à la société. Les gens ne se doutent pas de l’impact
qu’a eu le passage de ce petit-être dans la vie des parents. Ce douloureux
événement ne doit pas être minimisé.
Tous ces acteurs du domaine du deuil périnatal veulent
faire changer les mentalités. Tous veulent faire reconnaître une existence
légitime à leur enfant.
Pour faire le point, d’abord
quelques chiffres :
Le deuil périnatal concerne
aujourd’hui en France, environ 1% des naissances chaque année, soit environ
7000 bébés par an, donc 20 bébés par jour.
La mort périnatale intervient
sous différentes formes :
- La MFIU : Mort
Fœtale In Utéro
- L'accouchement prématuré : les bébés ne survivent que
quelques secondes, quelques heures ou quelques jours.
- L'IMG : Interruption Médicale de Grossesse, lorsque le
bébé présente un souci, une malformation, une maladie, l'empêchant de pouvoir
vivre.
- On peut également y inclure les fausses couches.
Encore une fois, la douleur de la perte d’un bébé ne se
mesure pas au nombre de mois de grossesse ou de jours de vie. La perte d’un
petit bébé n’est pas un petit deuil.
Alors,
qu’est-ce qui a changé ?
Le
30 novembre 2001, une circulaire apportait déjà les premières modifications
quant à la reconnaissance de ces tout petits. Elle abaissait ainsi le seuil
des 28 semaines à 22 semaines pour les enfants nés sans vie. Concrètement,
cette circulaire prévoit que lorsque les enfants naissent
sans vie à compter de la 22 SA (ou 500g minimum), un acte d’enfant sans vie est
délivré,
il est inscrit à l’état
civil et la dotation d’un
prénom officiel devient alors possible. L’inscription sur le livret de famille est également réalisable.
Depuis 2008, le seuil des 22 semaines est descendu à 14 semaines révolues pour
les enfants nés sans vie. L’inhumation
est possible par les familles mais si elles ne se sentent pas capables de le
faire, l’établissement a obligation
de procéder à une crémation dans un crématorium. Cela semble une évidence et
pourtant il aura fallu attendre ce décret pour que ces tout petits bébés, qui
ne sont plus des embryons mais des fœtus (terme médical consacré jusqu’au jour de la naissance)
soient considérés comme des êtres humains et non plus comme des déchets
organiques.
Autre
révolution, la délivrance d’un livret de famille
devient possible pour tous les couples, qu’ils soient mariés ou non. La
famille peut désormais se charger elle même de l’inhumation si elle le souhaite et les mamans peuvent prétendre
au congé maternité même si parfois, faire appliquer ce droit demande une
argumentation lourde et éprouvante pour les parents pas toujours entendus.
On note aussi cette même
année, qu’une
première ébauche de recommandations d’accompagnement des familles voit le jour. Une avancée importante
dans la reconnaissance de ces bébés qui étaient considérés jadis comme des
« déchets médicaux ».
Il
faut également savoir que toutes les mesures ci-dessus sont rétroactives pour tous les bébés nés après le 11 janvier 1993.
Ainsi tous les parents concernés peuvent faire la demande d’un livret de famille ou
faire ajouter leur bébé disparu après 14 SA révolues.
Certaines communes acceptent même de remonter plus
loin quand elles disposent des éléments nécessaires.
Autant de tout-petits qui
peuvent retrouver la place qui leur était dévolue dans la fratrie. Autant de
tout-petits à qui on donne une existence au cœur de leur famille.