Avoir un autre enfant après la
perte de son bébé pose inévitablement certaines questions. Est-ce le bon
moment ? Doit-on attendre encore ? La maman peut-elle encore
procréer ? Notre prochain bébé sera-t-il en bonne santé …? Autant de
questions et d’inquiétude que tous les parents endeuillés d’un enfant se posent
inévitablement.
Quand on écoute les
professionnels de la santé, il en ressort que contrairement aux apparences, il
n’y pas de moment propice pour avoir un autre enfant. Longtemps les médecins
recommandaient d’attendre quelques mois pour concevoir un autre enfant.
Aujourd’hui le corps médical se rend compte que c’est le ressenti des parents
qui compte. Si le corps de la maman le permet à nouveau, accueillir un bébé rapidement
a un impact réellement positif sur les parents et sur le processus de deuil.
Par contre, il faut savoir que s’engager dans cette
nouvelle grossesse demandera un effort supplémentaire quant au fait de laisser
toute la place qui lui revient à ce nouvel enfant. Il ne doit pas remplacer
l’enfant perdu. Il ne sera pas non plus le fantôme du petit être disparu. On
lui doit une existence entière sans pour autant se dire qu’on oublie l’enfant
décédé. Ce n’est pas l’un ou l’autre. Les deux ont leur place dans la famille
même si l’un ne vit plus. Ce nouvel enfant qui arrivera, ne doit pas avoir la
tâche de remplir le gouffre de souffrance des parents. Il ne doit donc pas y
avoir de confusion entre les enfants et c’est en cela que vient la difficulté
pour certains parents. Ce nouvel enfant ne doit pas sentir qu’il a une
quelconque mission envers ses parents. Il doit exister pour ce qu’il est lui.
L’arrivée d’un nouveau bébé peut
engendrer des sentiments inconfortables pour les parents qui ont parfois
l’impression de trahir la mémoire de leur enfant décédé. Ils culpabilisent
peut-être d’avoir ce désir d’avancer malgré tout. Tout comme, certains parents
peuvent avoir l’impression de ne pas donner toute l’attention méritée à cette
nouvelle grossesse car on ne peut pas oublier l’enfant perdu. Cette ambivalence
des émotions perturbe fortement. Il faut simplement accueillir toutes ces
émotions et les vivre pleinement. Elles sont légitimes. Tout comme les
inquiétudes qui ressort de cette nouvelle grossesse ; la peur de le perdre
à nouveau, la culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur, la perte de
confiance en soi…
La vraie tâche en soi est de
croire à nouveau dans la vie et accepter de relever l’enjeu d’une nouvelle
naissance.
L’arrivée d’un nouvel enfant
c’est aussi accepter que la tristesse sera toujours mêlée à la joie. On ne peut
pas pleinement vivre le bonheur de la nouvelle naissance sans avoir une
tristesse par rapport à son enfant disparut.
Et puis, il faut penser qu’il
faudra parler de ce bébé décédé et affronter les questions des frères et sœurs
dans l’avenir. Il faudra leur parler de cet enfant qui fait partie de la
famille mais qui n’est plus là. Ne surtout pas en faire un secret ou un sujet
tabou qui rendrait l’épreuve plus douloureuse encore. Leur en parler le plus
tôt possible allège la douleur. Peut-être leur montrer quelques photos et
raconter l’histoire de leur grand frère ou grande sœur. Même si les parents
doivent se préparer un répondre à toutes leurs questions inévitables, la
famille en ressortira plus forte et soudée. Les enfants comprendrons alors
certainement pourquoi papa et maman ont parfois cette tristesse dans le cœur.
Leur donner des réponses à leurs inquiétudes leur permet de croître plus
sereinement.
Et surtout, parler de ce bébé disparut, c’est lui donner une existence légitime au sein de cette famille hors norme.