vendredi 9 juin 2017

L'ENFANT D'APRES


Avoir un autre enfant après la perte de son bébé pose inévitablement certaines questions. Est-ce le bon moment ? Doit-on attendre encore ? La maman peut-elle encore procréer ? Notre prochain bébé sera-t-il en bonne santé …? Autant de questions et d’inquiétude que tous les parents endeuillés d’un enfant se posent inévitablement.



Quand on écoute les professionnels de la santé, il en ressort que contrairement aux apparences, il n’y pas de moment propice pour avoir un autre enfant. Longtemps les médecins recommandaient d’attendre quelques mois pour concevoir un autre enfant. Aujourd’hui le corps médical se rend compte que c’est le ressenti des parents qui compte. Si le corps de la maman le permet à nouveau, accueillir un bébé rapidement a un impact réellement positif sur les parents et sur le processus de deuil.

Par contre, il faut savoir que s’engager dans cette nouvelle grossesse demandera un effort supplémentaire quant au fait de laisser toute la place qui lui revient à ce nouvel enfant. Il ne doit pas remplacer l’enfant perdu. Il ne sera pas non plus le fantôme du petit être disparu. On lui doit une existence entière sans pour autant se dire qu’on oublie l’enfant décédé. Ce n’est pas l’un ou l’autre. Les deux ont leur place dans la famille même si l’un ne vit plus. Ce nouvel enfant qui arrivera, ne doit pas avoir la tâche de remplir le gouffre de souffrance des parents. Il ne doit donc pas y avoir de confusion entre les enfants et c’est en cela que vient la difficulté pour certains parents. Ce nouvel enfant ne doit pas sentir qu’il a une quelconque mission envers ses parents. Il doit exister pour ce qu’il est lui.



L’arrivée d’un nouveau bébé peut engendrer des sentiments inconfortables pour les parents qui ont parfois l’impression de trahir la mémoire de leur enfant décédé. Ils culpabilisent peut-être d’avoir ce désir d’avancer malgré tout. Tout comme, certains parents peuvent avoir l’impression de ne pas donner toute l’attention méritée à cette nouvelle grossesse car on ne peut pas oublier l’enfant perdu. Cette ambivalence des émotions perturbe fortement. Il faut simplement accueillir toutes ces émotions et les vivre pleinement. Elles sont légitimes. Tout comme les inquiétudes qui ressort de cette nouvelle grossesse ; la peur de le perdre à nouveau, la culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur, la perte de confiance en soi…

La vraie tâche en soi est de croire à nouveau dans la vie et accepter de relever l’enjeu d’une nouvelle naissance.

L’arrivée d’un nouvel enfant c’est aussi accepter que la tristesse sera toujours mêlée à la joie. On ne peut pas pleinement vivre le bonheur de la nouvelle naissance sans avoir une tristesse par rapport à son enfant disparut.



Et puis, il faut penser qu’il faudra parler de ce bébé décédé et affronter les questions des frères et sœurs dans l’avenir. Il faudra leur parler de cet enfant qui fait partie de la famille mais qui n’est plus là. Ne surtout pas en faire un secret ou un sujet tabou qui rendrait l’épreuve plus douloureuse encore. Leur en parler le plus tôt possible allège la douleur. Peut-être leur montrer quelques photos et raconter l’histoire de leur grand frère ou grande sœur. Même si les parents doivent se préparer un répondre à toutes leurs questions inévitables, la famille en ressortira plus forte et soudée. Les enfants comprendrons alors certainement pourquoi papa et maman ont parfois cette tristesse dans le cœur. Leur donner des réponses à leurs inquiétudes leur permet de croître plus sereinement.




Et surtout, parler de ce bébé disparut, c’est lui donner une existence légitime au sein de cette famille hors norme.