mercredi 12 septembre 2018

A COEUR OUVERT...

Voici plus d'une année que mon livre Résilience est sorti. Je m'arrête un peu pour faire le constat de ce que cette année a apporté. J'avais écrit mon témoignage personnel dans l'espoir de faire bouger un peu les choses et secouer les mentalités sur le deuil périnatal. Il y a eu des rencontres, des réunions, des débats, des évènements qui ont permis de parler de ce si douloureux sujet. Mais au final, je me suis aperçue qu'en dehors des personnes ayant vécu le même drame, "les autres" ne comprennent pas notre vie. Il en ressort lors de mes échanges avec les "paranges" les mêmes émotions, les mêmes ressentis, les mêmes questions, les mêmes douleurs.... La vie n'est plus la même et on en cherche encore un sens. Bref, on se comprend et on se sent toujours autant décalé du reste du monde.
Pour ceux qui on eu la chance de ne pas vivre une telle épreuve, il y a certes, une rapide compassion, une frêle émotion, mais sans comprendre plus que cela la profondeur de la blessure que cela nous a crée. Et c'est tout à fait normal de ne pas se ressentir toute la profondeur d'une telle épreuve quand on ne l'a pas vécu soi-même. C'est comme parler de sa maladie grave avec quelqu'un qui a la santé, ou être confronté à quelqu'un qui a tout perdu et qui a fini dans la rue alors que nous-même nous ne manquons de rien.
Quelque part, tant mieux pour toutes ces personnes de ne pas ressentir et comprendre notre douleur - je ne souhaite cette épreuve à personne - mais au final, je me dis qu'il va être très difficile de changer les mentalités et effacer le tabou.

Aujourd'hui, pour moi, la tendance est plutôt à baisser les bras et me dire que le monde continue de tourner tel qu'on le connaît. A part être présent et avoir une parole appropriée quand notre chemin croise celui d'un parent récemment endeuillé, on ne peut rien. Les associations militent pour une meilleure compréhension des choses et proposent une assistance à tous ces parents malheureux mais en réalité, rien ne bouge encore vraiment. Chacun se débat comme il peut avec ce que la vie lui a donné…

Parallèlement à ce constat, je fais également le point sur ce que le temps a agit sur moi, sur mon couple, sur ma famille depuis ces 10 dernières années. Le temps est long quand on souffre, néanmoins le temps est un peu comme un baume que l'on étale doucement et lentement sur notre cœur. Toutes ces années passées depuis la perte de notre fille a permis de lui faire toute sa place dans notre famille. Elle existe, de manière concrète dans notre quotidien. Bien-sûr, elle n'est pas avec nous physiquement mais toutes les occasions de la vie nous la place parmi nous. Nos enfants ne cessent de la faire vivre. Pour eux, il n'est pas question de dire que nous sommes 4 dans la famille. Ils nous reprennent sévèrement en s'exclamant :
"Mais non, tu sais bien que nous sommes 5 avec Lily !"
Impossible de l'oublier notre poupée ! Je me laisse parfois rêver à ce qu'elle serait aujourd'hui. Elle prendrait bientôt 10 ans, elle fréquenterait la classe du CM2, elle aurait sûrement de longs cheveux blonds, comme ces frère et sœur. Bref, autant de pensées toujours présentes au quotidien. Regarder les photos de sa jolie frimousse nous fait esquisser un léger sourire au lieu des précédents sanglots d'avant.

Oui c'est vrai le temps fait son œuvre mais il faut le vouloir. Il faut se battre tous les jours pour vouloir sortir de cette douleur et regarder la vie différemment. Il faut se donner les moyens de sourire à nouveau pour les autres, pour ses enfants bien vivants et surtout pour soi !









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